Histoire et Coutume d'un Patrimoine

CHEF D'OEUVRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL DE LA FEDERATION WALLONIE-BRUXELLES

Le multiséculaire Caudia est un des 3 seuls folklores de la région du Centre (à l'instar du Carnaval de Binche et du Tour St Vincent de Soignies) à être reconnu comme Chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de la Communauté française par la Fédération Wallonie-Bruxelles (il fait partie des 38 patrimoines immatériels reconnus).

plus d'infos : Patrimoine Culturel FWB

Notre folklore en bref:

Le Chaudeau, dit "Caudia" est une fête (reconnue Patrimoine Oral et Immatériel de Wallonie) issue de temps immémoriaux (dont certaines sources font remonter l’origine à 1411) qui se perpétue encore de nos jours à Bois d’Haine.

Au tout début de l'après-midi du mardi suivant le dernier dimanche du mois de juin, un cortège, constitué de garçons costumés en paysans, de filles costumées en paysannes, de chars chargés d'enfants tirés par des chevaux, accompagne l'ordonnateur et les marmitons au son d'une musique folklorique dans les rues du village.

A la tombée du jour, le chaudeau (une sorte de lait de poules mais produit ici à partir de lait, sucre et mastelles) est cuit par-dessus un feu de fagots sous le marronnier séculaire jouxtant l'église au cœur du village, le tout en danses et en chansons. Ce chaudeau enfin prêt, est offert au Bourgmestre et au curé avant d'être distribué à la population.

Descriptif détaillé de la Coutume

Le Caudia se déroule chaque mardi qui suit le dernier dimanche de juin.

La très ancienne coutume du Caudia (1411 ?), ou Chaudeau, de Bois-d’Haine porte en fait le nom de sa nutritive mixture qui y est préparée sur la place de village et offerte à la population.

Il ne s’agit pas ici d’un bouillon ou d’un remède, mais d’une roborative soupe de lait chauffée, sucrée, aromatisée et agrémentée de mastelles.

Les ingrédients de ce festin se veulent de coutume être offerts par la population elle-même ; ainsi en va le principe. Pratiquement, l’offrande est faite en espèce. Outre une souscription, qui est récoltée auprès des bois-d’hainois par des bénévoles quelques semaines avant la fête, la tradition veut qu’un cortège se charge symboliquement de cette récolte le jour venu.

En pratique, avec la disparition des fermes, le comité acquiert directement les ingrédients.

C’est donc toute une procession qui se met en route le mardi à 12h30 pour faire le tour du village à partir de la place Roi Baudouin, avant d’y revenir en fin de soirée, après de nombreuses haltes bibitives – pour la plupart offertes par les hôtes –, pour y cuire le sacré chaudeau sous le marronnier. Hormis le hameau de Petit-Bois-d’Haine, toutes les artères du village sont traversées… sans jamais le quitter.

En tête, défilent deux porteurs de drapeaux (un belge et un wallon) entourant deux jeunes assistants qui portent chacun d’anciennes pancartes d’acier en forme de profil de marronnier et peintes en vert (l’une portant la mention « Chaudeau, Bois-d’Haine » et l’autre, le nombre d’éditions de la coutume). Juste derrière se trouvent le maître de cérémonie (costume blanc, cravate rouge, chapeau blanc fleuri à larges bords, louche décorée et symbolique en main) et ses trois marmitons (costume blanc, calot blanc, ceinture rouge, louche en bois à la main). Ensuite vient le gros de la troupe avec d’abord quelques membres du comité, suivi de l’orchestre constitué d’un peu plus de vingt musiciens (cuivres, bois, clarinettes, tambours et grosse caisse) jouant d’entraînants airs de fantaisie et tous les sympathisants, des plus vieux aux plus jeunes sans aucune limite d’âge, souhaitant participer à la fête. Tous sont vêtus d’un sarrau bleu, foulard rouge à pois blancs et casquette de soie noire traditionnelle pour les hommes (beaucoup portant un pantalon blanc et certains des sabots de bois) et chemisier blanc, jupe longue et sobre, tablier bleu foncé et charlotte blanche pour les femmes. Parmi eux, quelques protagonistes, munis de troncs, réclament de la menue monnaie à tout badaud qui est à leur portée. En clôture, deux anciens chars paysans en bois, tirés chacun par deux chevaux brabançons, transportent de jeunes enfants.

Au total, jusqu'à 500 personnes défilent ainsi sur les 11 kilomètres constituant le « tour ». En 2016, à l’occasion de ce qui est considéré comme ayant été le 600ème Caudia, un tombereau a été (ré)introduit dans le cortège. Celui-ci étant destiné à récolter symboliquement, lors de chaque halte bibitive, un des ingrédients et outils (mastelles à la boulangerie, fagots de bois, paille, chaudrons de fonte, seaux de bois, fourches, …) nécessaires à la préparation du brouet.

Peu avant 21h, toute la troupe, accueillie par de nombreux spectateurs, est de retour sur la place où se déroule le rituel de la préparation du breuvage : l’installation de trois chaudrons et l’allumage de trois feux de fagots sous le marronnier (l’arbre étant devenu un acteur central), les allées venues vers une maison pour y prendre le lait, vers une taverne pour y quérir les sucres et mastelles le tout avec le maître de cérémonie, montant une branche de bois portée par deux costauds volontaires, imitant grossièrement un aguerri chevalier à califourchon sur un bien piteux destrier entouré de ses écuyers. Les ingrédients rassemblés, la cuisson peut débuter, pendant laquelle, au son de la musique, les protagonistes tournent, parfois frénétiquement, en rondes autour de l’arbre vénéré.

Vers 22h, avec le coucher du soleil, sous le marronnier, un premier bol est offert au bourgmestre qui valide la cuisson. Peu après, le chef de troupe réenfourche sa pittoresque monture pour rejoindre le presbytère voisin où le curé est invité à goûter le grand cru de l’année. Après cette seconde approbation, on termine par une Brabançonne avant que le cortège ne se disloque pour laisser place à la population, désireuse d’avoir sa part du précieux chaudeau.

A l’occasion du 600ème Caudia, une chanson (parole et musique) a été écrite et a été reprise lors de chaque étape du Tour ainsi qu’avant la Brabançonne en fin de cuisson. Le comité a intégré cette chanson de manière durable dans le répertoire des musiciens du Chaudeau.